Parler en sifflant : un moyen de communication utilisé à travers le monde

Les langues sifflées, ça vous parle ? Non, non, pas le vieux sifflet du mec relou dans la rue, qui va t’insulter juste après (ces gens méritent-ils un article à leur sujet ?). Le langage sifflé en France, et à travers le monde est un moyen ancestral de communiquer dans des milieux hostiles à la parole. Élus meilleurs spots pour parler en sifflant : les forêts et les montagnes. Mais à quoi correspondent ces sonorités ? D’où cette tradition vient-elle ?

Temps de lecture : 3 min

Parler en sifflant : la communication longue distance avant l’ère du numérique

Les langues sifflées ne sont pas de simples sifflements qui permettent d’appeler quelqu’un ou de prévenir d’un danger. C’est une véritable extension de la langue parlée, comparable aux sonorités des dauphins. Dans des environnements où la parole ne peut suffire, cette technique donne la possibilité de se faire entendre à plus de 10 kilomètres. Ces sons peuvent atteindre les 120 décibels, l’équivalent d’une sirène de pompiers, ce qui dépasse la portée de la voix chantée.

Extrait sonore de la langue sifflée à Gomera : le Silbo.

Dans le Béarn, c’est un patois local sifflé qui permet aux bergers de communiquer entre eux. En Guyane ou au Brésil, les sifflets permettent d’échanger pendant la chasse dans les forêts denses. Au Mexique, la langue sifflée sert lors de rendez-vous amoureux et de rites religieux. Cette pratique remplit plusieurs fonctions sociales.

Mais comment parler en sifflant ? Ce sont des sonorités de hauteurs différentes qui traduisent les voyelles. Les consonnes, difficilement audibles, se prononcent souvent de la même manière que dans le langage classique. Les cordes vocales ne sont pas sollicitées, l’intensité du son est modulée par la forme de la bouche. Des études ont également montré que ce moyen de communication stimulait les deux hémisphères du cerveau. Si vous êtes atteint de nomophobie, c’est l’occasion de poser votre téléphone et d’apprendre à communiquer en sifflant !

Langages sifflés : plus de soixante extensions de langues parlées à travers le monde

L’origine de ce drôle de moyen de communication reste assez floue. À l’heure actuelle, nous ne savons pas « qui » a inventé le sifflement, ni de quelle région du monde il a émergé pour la première fois. On retrouve une évidente influence des tribus berbères dans plusieurs études à ce sujet. L’utilisation du sifflement daterait de l’antiquité. Un peuple troglodyte, en Éthiopie, conversait « comme des chauves-souris ». Dans les Canaries, des navigateurs ont découvert que la population locale communiquait en parlant et en sifflant.

Bien que cette pratique puisse dater de l’Antiquité, la plus ancienne preuve de l’existence de formes de langues sifflées remonte à 1402, avec le témoignage écrit de deux prêtres franciscains – Julien Meyer, linguiste et bioacousticien.

Quelles sont les langues basées sur les sifflets plutôt que sur la parole ? La liste est longue : environ 70 populations font usage de cette technique à travers le monde. Le béarnais, l’espagnol, le grec et le turc, notamment, ont leurs extensions. On retrouve également au Tibet, chez les Akhas, et en Papouasie–Nouvelle-Guinée des peuples qui parlent en utilisant ce procédé. Comment s’appellent les langues sifflées  :

– dans le Béarn, à Aas : le sifflet d’Aas ;

– aux Canaries, à Gomera : le Silbo ;

– au Mexique, chez le Kickapoo : le Mazatèque ;

– en Turquie, à Kuşköy  : la langue des oiseaux ;

– en Grèce, sur l’île d’Eubée : le Sfyria.

Parler en sifflant est une technique intrigante et passionnante qui, malheureusement, se perd au fil des ans dans de nombreuses régions. Les jeunes générations pratiquent de moins en moins la langue sifflée. À Gomera, le Silbo, reconnu comme patrimoine immatériel de l’humanité en 2009, est enseigné à l’école : espérons qu’elle ne soit pas la seule à subsister.

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O'noun

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