Je n’arrive pas à modérer mes achats et je conserve tout : les passions qui ont transformé votre maison en musée

« J’achète trop et je ne jette rien ». Voilà comment vous pourriez vous présenter lors d’une réunion de l’hobbyistes compulsifs (oui l’hobbyiste, pas lobbyiste). Au cours de votre vie, vous avez investi dans un arsenal divers et varié pour vous plonger dans de nombreux passe-temps, qui n’ont jamais duré. Malgré tout, vous avez tout conservé ? Bienvenue au musée des passions passagères !

Le bonheur de se lancer dans une nouvelle activité : un enthousiasme vite rattrapé par la réalité

Êtes-vous atteint de syllogomanie ? Syllo… Quoi ? Pathologie caractérisée par l’accumulation excessive d’objets, inutilisés. À la différence du syndrome de Diogène, qui s’associe avec un réel manque d’hygiène, elle concerne uniquement l’incapacité de jeter et trier ses possessions matérielles.

Je vous vois vous agiter derrière votre écran : « Elle est gonflée celle-là ! Je ne souffre d’aucune maladie. ». Rassurez-vous ! Vous avez sûrement raison : seuls un peu moins de 3 % de la population mondiale est touchée. Pourtant, vos placards regorgent d’objets insolites et poussiéreux. L’épaisseur de ce dépôt duveteux témoigne du temps depuis lequel vous avez délaissé cette ferveur fugace qui vous avait saisi aux tripes.

Chaque découverte d’un loisir vous met dans tous vos états. Vous vous retrouvez instantanément sur internet avec un panier qui donne des sueurs froides à votre banquier. Persuadé du besoin vital de vous lancer dans la pratique de cette nouvelle activité, vous vous étiez empressé d’acheter tout le matériel nécessaire. Depuis ce jour, vous avez essuyé de nombreux autres abandons : poterie, DIY de meubles, paddle, fitness, etc. Toutes ces passions passagères sont sorties de votre quotidien aussi vite qu’elles y sont rentrées. Vous auriez pu revendre entre temps les équipements de ces hobbies oubliés. Vous auriez pu, oui. Mais non : ça peut toujours servir !

Accumuler trop d’objets : quand l’éternel « ça peut servir » vous nuit

En plus d’achats compulsifs, ces lubies conduisent également à une accumulation qui engorge vos placards, garages, et autres espaces de stockage. Vous ne parvenez plus à gérer tout votre matériel pour vos passe-temps, vous êtes un vrai collectionneur. Entre l’attachement affectif, le souvenir de l’individu qui vous avait offert ces aiguilles à tricoter et l’espoir qu’un jour, vous vous y mettrez réellement, vous n’arrivez à vous séparer d’aucun objet. Faites payer l’entrée pour l’inauguration de votre musée personnel. Peut-être que c’est ainsi que les magasins Décathlon et Cultura sont nés d’ailleurs, qui sait ?

Les équipements accumulés empiètent sur votre espace vital, créent du désordre et de la culpabilité. Il vous rappelle à chaque ouverture de placard que vous n’avez pas réussi à devenir un clarinettiste mondialement connu ni un célèbre peintre, ni… (liste non exhaustive). Vous voilà déçu de vous-même : un objectif de plus que vous n’avez pas atteint. Et dire que vous aviez dépensé des centaines d’euros dans ce projet si enthousiasmant.

Des recherches ont également prouvé que l’accumulation d’objets et l’engorgement de votre espace de vie peuvent créer de l’anxiété. Votre sommeil peut également en pâtir. Je vous vois venir : pas la peine de vous lancer dans une collection d’ « objets sleeptech  » pour compenser ! Ce chaos envoie le signal constant à votre cerveau qu’il reste des tâches à accomplir et le sature de pensées parasites. Le bazar de votre musée des passions passagères se transforme alors en encombrement mental, néfaste à votre bien-être.

J’achète trop, je ne jette rien : des solutions (ou pas)

Il est temps de vous plonger corps et âme dans le hobby du désencombrement. Allez hop, on achète un livre sur la méthode de Marie Condo, on commande des caisses, des paniers, et… non bien sûr ! Soufflez un bon coup et faites des annonces sur les plates-formes de vente de seconde main. Vous pouvez également délaisser le marché d’occasion pour privilégier le don et le troc. Offrir à votre voisinage ou a des associations pour les plus démunis peut aussi vous apporter satisfaction.

Triez les outils, machines, matériaux et autres éléments dédiés à vos activités oubliées. Vous en êtes-vous servi ces dernières années ? Non. Quelqu’un dans votre entourage rêve d’en hériter ? Non ? Hop : direction Emmaüs ou Le Bon Coin ! Ce n’est pas demain que vous ferez fortune dans la commercialisation d’objets déco en laine bio d’alpagas du plateau du Massif central : soyez réaliste.

Répétez cette démarche autant de fois que nécessaire. Si vous êtes un l’hobbyiste compulsif depuis plus de 15 ans, prévoyez une ou deux semaines d’arrêt maladie. Une autre solution : inscrivez-vous à un atelier ou empruntez du matériel pour tester une potentielle nouvelle activité. Vous pouvez aussi louer un kayak de mer ou un VTT de descente dans des magasins spécialisés.

Bien sûr, si vous avez les moyens financiers, des placards suffisamment grands et que c’est votre petit bonheur de tester toutes les activités possibles et imaginables sur Terre : ne changez rien. Soyez heureux.

Avez-vous besoin qu’on vous dissuade de passer à l’acte pour la commande de peinture pour vitre qui vous surveille depuis deux jours depuis l’onglet de votre navigateur ? Oubliez la honte et la culpabilité, rejoignez la réunion des l’hobbyistes compulsifs dans la partie commentaire ! Si vous n’êtes pas personnellement concerné par ce problème, n’hésitez pas à partager cet article avec le(s) l’hobbyiste(s) de votre entourage.

• Santé Magazine : Syllogomanie : comment lutter contre l’accumulation compulsive ? ;
• Sherrie Bourg Carter – Why Mess Causes Stress (Pourquoi le bazar crée-t-il du stress ?) 8 Reasons, 8 Remedies ;
• Psychologue.net – 5 raisons pour lesquelles le désordre est mauvais pour votre santé mentale ;
• Image de couverture réalisée avec Ideogram.

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