Adultomorphisme : comment se recentrer sur les besoins fondamentaux de l’enfant

Les enfants ne sont pas des adultes. Cela vous semble évident ? Pourtant, au quotidien, nous sommes nombreux à attendre d’eux qu’ils se comportent comme des grandes personnes. C’est une erreur, pour la simple et bonne raison qu’ils n’en sont pas capables. Le résultat ? Des crises au supermarché, des remarques sur votre bambin qui provoque, manipule, frappe, et j’en passe.
Le cerveau des tout-petits est immature. Ce qui vous apparait logique et évident ne l’est pas toujours pour eux. Leurs émotions débordent, elles sont brutes et sans filtre. Découvrez maintenant comment se recentrer sur les besoins fondamentaux de l’enfant pour accueillir avec douceur les tempêtes émotionnelles qui l’envahissent.

Temps de lecture : 5 min

L’adultomorphisme, une tendance encore trop répandue

« Arrête de faire le bébé” , “Elle fait ça exprès pour m’énerver”, “elle me provoque/me manipule”, « Je l’ai vu sourire quand je l’ai réprimandé, il se moque de moi ». Il est facile de tomber dans le piège de l’adultomorphisme. Ce comportement, qui consiste à interpréter les intentions des enfants comme s’ils étaient des adultes, nous détourne, en réalité, des besoins qu’ils expriment.
Le cerveau d’un enfant est en plein développement. Jusqu’à environ cinq ou six ans, il ne contrôle absolument rien et vit tout intensément. Progressivement, il développera ses capacités de raisonnement, d’empathie, d’inhibition ou encore de gestion des émotions. Les adultes ont un mode de pensée plus complexe, basé sur l’expérience. Un bambin ne peut donc pas se comporter comme une grande personne. Tout simplement parce qu’il n’en a pas la capacité.
Comportements inadaptés en société et dangereux rythment le quotidien des plus jeunes (et celui de leurs parents). Et tout ceci est involontaire. Vous aurez beau punir, crier ou menacer -la loi du 10 juillet 2019 interdit toute forme de violence éducative ordinaire telle que gifles, fessées ou humiliations- rien n’arrêtera votre bambin. Son seul but dans la vie étant de satisfaire ses besoins, je vous invite à y être attentif et à vous recentrer sur ceux qui sont fondamentaux.

Comment se recentrer sur les besoins fondamentaux de l’enfant

Avant de vous expliquer comment comprendre les besoins fondamentaux de l’enfant, je vais d’abord vous éclairer sur les bonnes raisons de le faire.
Commençons par quelques informations importantes sur le cerveau :

  • Il atteint sa maturité à l’âge adulte (aux environs de 25ans) ;
  • le cortex préfrontal (la partie qui gère les émotions, prend les décisions, traite le langage et le raisonnement, entre autres) se développe tardivement ;
  • tant que le corps calleux, qui relie les deux hémisphères, n’est pas mature, le tout jeune encéphale ne peut traiter qu’une information à la fois, gérer une seule émotion (les « caprices » sont donc des tempêtes émotionnelles que l’enfant ne sait pas gérer) ;
  • on est capable de se décentrer correctement (attribuer des états mentaux à l’autre) vers environ 4 ou 5 ans.

Se recentrer les besoins fondamentaux de l’enfant permet de changer de perspective sur leurs intentions. L’éducation devient plus fluide et bienveillante. On redéfinit des attentes réalistes, la frustration est mieux appréhendée et la dynamique familiale est apaisée (ByeBye le BurnOut parental/professionnel).

Explorer le monde en respectant les limites


Partir à la découverte de son environnement est un besoin qui fait appel à tous les sens. Le jeune explorateur met tout à la bouche, grimpe partout et touche à tout ce qui est interdit. Il répète inlassablement les mêmes bêtises expériences pour vérifier si le résultat ou votre réaction sera identique.
Un enfant a une faible conscience du danger et, est incapable de prendre du recul sur une situation pour l’évaluer et adopter une stratégie. C’est à ce moment là que vous intervenez : « tu peux utiliser ce pot en verre mais uniquement si je suis avec toi », « tu peux sauter dans la boue si tu as les vêtements adaptés/tes bottes », etc. Il faut trouver le juste équilibre entre la possibilité d’expérimenter et des limites claires et fixes. Cela renforcera le sentiment de sécurité tout en laissant l’aventurier s’épanouir.

L’enfant a besoin, à chaque étape de son développement d’une exploration libre, d’une
expérimentation non-contrainte, qui suive le développement de son action dans l’espace et
le temps. Il a tout à apprendre, à découvrir, à explorer, et cet apprentissage, cette
découverte, cette exploration, exigent qu’il touche, manipule, flaire, goûte, déchire, soulève,
renverse, escalade.

Huguette Bucher, éducatrice spécialisée, kinésithérapeute et psychomotricienne

Besoins physiologiques

Si vous êtes parent ou professionnel de la petite enfance, vous savez bien à quel point il est difficile de gérer un bambin qui a faim ou qui a mal dormi. Les besoins physiologiques sont primordiaux et influencent grandement leur comportement et leur bien-être. Contrairement aux adultes, qui ont acquis la capacité de prendre leur mal en patience lorsque leur ventre crie famine ou de ne pas s’énerver sur un collègue de travail parce qu’ils manquent de sommeil, les enfants n’ont pas encore développé ces compétences. Lorsqu’un petit chouine ce n’est jamais pour rien. Il est souvent utile de vérifier ses besoins primaires. Lui proposer une petite collation ou un temps calme pourrait améliorer son humeur.

De même, les vêtements jouent un rôle crucial dans le confort physique des enfants. Un tout-petit qui a trop froid ou trop chaud, et qui ne sait pas encore exprimer verbalement ses besoins, cherchera à communiquer son inconfort d’une manière ou d’une autre. En étant attentif à ces signaux, vous pouvez désamorcer voire anticiper les crises. Montrez-vous à l’écoute de ses besoins physiques pour créer un environnement où il se sent en sécurité et à l’aise.

En répondant de manière proactive aux besoins physiologiques des enfants, vous contribuez à leur bien-être général et à leur développement harmonieux. Un enfant dont les besoins physiques sont satisfaits est plus apte à explorer son environnement, à apprendre et à interagir positivement avec les autres. Répondre rapidement aux signaux de détresse physique renforcera, en outre, leur confiance en vous.

Sécurité psychique et affective

Votre enfant s’est fait mal, il pleure et vous lui assénez le coup de grâce « arrête de pleurer, ce n’est rien ». Pour vous, ce petit bobo peut sembler insignifiant, mais pour un tout-petit, c’est une occasion de manifester son besoin profond d’être rassuré.En répondant avec empathie et compréhension, vous lui permettez de développer un attachement sécurisant avec vous. Un simple câlin accompagné d’un bisou magique peut faire des miracles. Ce geste de réconfort renforce non seulement le lien affectif entre vous et votre enfant, mais il contribue également à son développement émotionnel et psychique.

L’adultomorphisme est une tendance qui peut facilement nous piéger. Réflechir sur « comment se recentrer sur les besoins fondamentaux de l’enfant », permet d’adapter nos attentes afin de créer un environnement plus bienveillant et épanouissant pour eux. Les plus jeunes n’ont pas encore développé les capacités cognitives et émotionnelles des adultes. Ils vivent chaque expérience de manière intense et immédiate. En respectant leur développement cognitif, émotionnel et psychomoteur, nous favorisons une dynamique familiale apaisée et un apprentissage harmonieux. Soyons attentifs, empathiques et informés pour offrir à nos bambins le soutien dont ils ont besoin pour grandir en toute sécurité et confiance. En adoptant une approche tolérante et en nous informant sur les besoins spécifiques des enfants, nous pouvons créer un environnement propice à leur épanouissement.

Baladeur Dramalibre, les sources

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CamelCase

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Malicieuse, AnneSo aime cacher des mots rares et des CamelCase dans ses articles, saurez-vous les retrouver ?

Un commentaire

  1. Merci CamelCase pour cet article très intéressant ! Des détails sur l’évolution du cerveau (la vache, ça fait pas si longtemps que ça que je suis adulte en fait 🙃), et des astuces pour mieux accompagner les bambins : au top.

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