Vous culpabilisez lorsque vous prenez l’avion pour partir en vacances mais vous utilisez l’intelligence artificielle (IA) à tout va ? HuggingChat, Gemini, Claude, ChatGPT et autres assistants numériques ont remplacé les moteurs de recherche dans votre quotidien ? Sachez que l’émission en CO₂ produite par l’entraînement de celles-ci représente l’équivalent de 205 aller-retours entre Paris et New York en avion. Décortiquons ensemble l’impact environnemental de l’IA.
Impact environnemental de l’IA : de la création à la mise sur le marché
Numérique et impact écologique
Le milieu technonumérique consomme énormément de ressources rares, non renouvelables et difficilement recyclables. Mais qu’en est-il des intelligences artificielles ? Pourquoi les montrer du doigt tout spécifiquement ?
Le numérique représente 3 à 4 % des gaz à effet de serre mondiaux et l’utilisation de l’IA a fait monter cette consommation en flèche. Les émissions de Google ont augmenté de 13 % en un an et sa consommation en eau fait de même. Le géant du net pointe l’intensité énergétique de l’IA générative comme principal facteur de l’augmentation de son empreinte carbone.

Datacenters et ressources rares
Le développement de l’IA requiert la mise en place de multiples datacenters. Ces lieux qui rassemblent outils et dispositifs informatiques permettant de stocker les données immatérielles grâce à des serveurs, routeurs, disques durs, etc.
Les datacenters, tout comme les ordinateurs, sont composés de nombreux matériaux rares, polluants, non renouvelables dont l’extraction induit beaucoup d’énergie fossile, d’eau et autres ressources. Tout cela effectué dans des conditions environnementales et humaines souvent déplorables. Peuvent être cités l’aluminium, le cuivre, le nickel, le plomb, le cobalt ou encore le manganèse. Cela engendre également l’installation de nouveaux câbles, systèmes de refroidissement, etc., qui impactent les écosystèmes de manière non négligeable et irrémédiable. Vive la déforestation, la destruction des fonds marins et les enfants dans les mines ! (Non, pas du tout Jean-Michel premier degré : c’est de l’ironie).
L’empreinte écologique de l’entraînement de l’IA
Une fois que tout est prêt, et l’IA créée, il faut l’entraîner. Pour ce faire, la mise en place de procédés et processus extrêmement énergivores est nécessaire. Rien que pour évoluer de ChatGPT 3 à ChatGPT4, les collectes de data des modèles algorithmiques de langages sont passées de 200 milliards de paramètres à optimiser à 100 000 milliards. Je vous laisse imaginer les espaces de stockage supplémentaires requis ainsi que l’impact sur l’empreinte énergétique.
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) la consommation mondiale d’énergie des datacenters pourrait égaler celle du Japon en peu de temps. Ils représentent actuellement 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Soit l’équivalent du transport aérien. 5 % d’entre eux sont uniquement dédiés à l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Enjeux environnementaux de l’intelligence artificielle : de l’utilisation à la dépendance
Découverte et utilisation de l’intelligence artificielle
L’IA, en pleine expansion, est accessible sans effort pour les consommateurs disposant d’un ordinateur. En plus d’être vendue comme « l’innovation de votre vie », elle est rigolote à exploiter et est censée vous faciliter la tâche dans de nombreux domaines.
Qui, parmi celles et ceux qui ont déjà utilisé les LLMs (Large Language Model), n’ont pas cédé à la tentation d’échapper à la rédaction d’un devoir rébarbatif ou d’un rapport urgent ? Qui ne s’est pas amusé à essayé d’entretenir un échange dragueur ? Ou même posé des questions à la limite de la légalité pour voir ce que ce nouveau compagnon du net vous rétorquerait ?

Limites et impact environnemental de l’IA
Attention cependant, je vous conseille d’interroger ChatGPT ou HuggingChat sur leurs sources. Ainsi que de préciser d’où viennent leurs chiffres et leurs recommandations. Il n’est pas rare que ces derniers avouent avoir utilisé des données lambda, choisies de manière totalement arbitraire. Leur objectif ? Vous offrir « une introduction plus percutante ». Certes, certaines IA comme Perplexity proposent des réponses sourcées. Cela ne garantit pas des explications pertinentes et fiables à 100 %.
Chacune de vos recherches, via l’IA, doit donc être accompagnée d’une vérification sur le Net… en effectuant des investigations sur les moteurs tels que Google, Bing, StartPage ou Duckduckgo. Quid du gain de temps.
Même si nous n’avons pas accès à des données précises concernant les serveurs utilisés par les IA, il est certain qu’une recherche via ChatGPT ou confrère est bien plus énergivore qu’une avec Google. Les spécialistes du domaine estiment que les besoins sont 30 fois plus importants. Avec une moyenne de 9 milliards de requêtes quotidiennes, notre consommation annuelle électrique augmenterait de près de 10 Twh (soit 10 milliards de Kwh) si nous ne passions plus que par l’IA.
L’empreinte écologique de l’IA : vers la frugalité et l’écoénergétique

Du bon usage des outils numériques
L’ADEME (agence de la transition écologique) indique que d’ici 2050, en France, les outils numériques produiront 50 millions de tonne de CO₂. Soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Dans quel domaine est-il pertinent de recourir aux innovations, dont l’IA ? Bien sûr, il n’est pas sujet ici de promouvoir une utilisation élitiste et spécialisée. Il me semble cependant important de remettre l’église au centre du village (qui emploie encore cette expression ?) et de repenser son usage des intelligences artificielles :
- Reprendre l’habitude (ou ne pas la perdre) de poser nos questions simples du quotidien sur les moteurs de recherche. En espérant que ces derniers n’intègrent pas tous l’IA de manière automatique et forcée. Effectivement, l’intégration de Bard dans le moteur de recherche Google multiplie par dix le coût de la requête.
- Choisir quelle IA utiliser en fonction de nos besoins. Une large gamme de possibilités existe avec ses spécificités propres.
- Garder à l’esprit que les IA, tout comme votre matelas connecté, stockent et exploitent vos données. Pensez-y à deux fois avant de divulguer des informations sensibles sur votre vie privée ou votre entreprise. Tout ça pour gagner quelques minutes sur la rédaction d’un mail par exemple.
Revoir son usage, du numérique en général, mais de l’IA tout particulièrement n’est pas négligeable. Avez-vous vraiment intérêt à effectuer vos recherches quotidiennes via les sites proposant les services d’intelligence artificielle ?
À une vision plus globale d’un numérique responsable
Il est temps de privilégier les datacenters moins polluants et énergivores. Des serveurs et clouds ont déjà sauté le pas et se déploient dans des bâtiments basés en Europe, équipés de systèmes de refroidissement plus intelligents et responsables, entre autres.
Il est clair que l’IA peut être bénéfique dans certains domaines, et pour des tâches spécifiques. Elle pourrait même permettre de progresser plus rapidement dans la protection de l’environnement, l’analyse de certaines données, et ainsi compenser ses déboires actuels. Mais pour le moment, être attentifs aux évolutions et aux usages des innovations numériques est nécessaire.
L’impact environnemental de l’IA est non négligeable et l’utilisation que nous en faisons doit rester ancrée dans une pensée éclairée et avisée. Nous recourons, ici chez Dramalibre, à l’IA pour la création de nos images de couverture. Alors bien loin de moi l’idée de renier cette dernière. Cet article ne place pas l’intelligence artificielle sur la potence, mais cherche bien à apporter une réflexion plus globale de notre usage du numérique.
Je vous laisse noter sur 10, dans le section commentaires ci-dessous, la pertinence des images proposées par l’IA pour les thèmes imposés.

- Podcast France Inter – 20 minutes sur l’impact environnemental de l’IA ;
- Le coût écologique du boom de l’IA par Reporterre.net ;
- Rapport environnemental 2024 de Google (en anglais) ;
- Image de couverture – Ideogram ;
- Images – Dezgo.
Personnellement je lui donne 5/10 (déso pas déso). Manque d’originalité et les sujets sont survolés. Mis à part la 3e image qui est la plus réussie et qui a permis d’atteindre la moyenne 🙃
Je trouve que 2/10 est déjà pas mal ! Mention spéciale au numérique responsable, les startup greenwasheuses n’ont plus qu’à se servir !
Super article, bravo !
Sans pitié pour l’IA ^^. Merci, je suis ravie qu’il t’ait plu ! (les greenwasheurs, on vous voit ahahah)