Découvrez un vêtement sous-côté : donnez une chance au Sarouel

Si vous êtes ici, peut-être vous demandez-vous comment trouver votre propre style. Ou peut-être avez-vous été intrigué-e par ce qui pourrait ressembler à un cri d’amour pour le sarouel, un pantalon rangé dans le panthéon des « erreurs de jeunesse ». Mettez-vous à l’aise, enfin du mieux que vous pouvez avec votre pantalon collé-serré, et laissez-vous porter par mon plaidoyer pour un monde plus beau dans lequel devenir adulte serait encore synonyme de souplesse et de créativité. Ici, je vais vous expliquer pourquoi vous devriez porter un sarouel. Pourquoi ce vêtement mérite tout notre respect et pourquoi, par son confort, il œuvre pour une meilleure santé mentale et physique. Car avant d’être une pièce incontournable de votre garde-robe (oui, j’ai de l’espoir) il est avant tout un symbole de liberté vestimentaire.

Un vêtement culturel issu d’une longue tradition

Le sarouel est présent dans l’histoire de nombreuses cultures et sur plusieurs continents : on le trouve en Asie, sur la route de la soie, puis dans la péninsule Arabique au VIIeme siècle, où il devient symbole de raffinement et d’élégance. Alors qu’il est adopté en Afrique du nord, on le retrouvera au Tibet où il sera doublé de toile pour être encore plus isolant. Il continuera ensuite son voyage en Inde, où il sera adopté par toutes les castes. Puis il poursuivra son périple dans le Siam, en Chine, au Japon, en Amérique… Bref, il est présent partout.

Le Sarouel servira tour à tour aux paysans et paysannes, pour partir à la guerre, aux nobles, aux monarques, aux Bédouin-es du désert, aux cavaliers, aux marins et aux pêcheurs, aux érudits et érudites, aux moines, aux samouraïs… Il est pratique pour effectuer toutes les tâches, il peut garder la fraîcheur, protéger du froid, il est pour toutes les classes socio-culturelles et pour les deux sexes (enfin pas partout pour les femmes, comme d’habitude). Il est donc tout naturel qu’il soit apprécié et décliné partout, à toutes les époques.

Le sarouel moderne, révolutionnaire et politique

Faisons un bon dans le temps. En 1851, un vêtement promu par les activistes féministes américaines Amelia Bloomer et Elizabeth Smith Miller apparait : le bloomer. Issu d’une fusion entre la jupe et les pantalons à la turque, (en gros un sarouel avec une jupe par dessus) il permettait aux femmes de faire du vélo et d’avoir une plus grande liberté de mouvement. Repris en 1910 par la créatrice de mode française Jeanne Margaine-Lacroix, le bloomer opère une évolution stylistique. Devenu la « jupe-culotte », le vêtement s’attire la haine des foules au point que les femmes osant l’arborer se font même agresser dans la rue. On oserait « masculiniser la femme » !

Moralité : la prochaine fois qu’on vous reprochera votre jupe, votre crop top ou votre sarouel, rappelez-vous que de tous temps, des hommes à la masculinité fragile et leurs allié-es ont jugé bon de décider de ce qu’il était correct ou non de porter. (Et si on leur disait d’aller jouer sur l’autoroute ? En toute inclusivité bien sûr.)

Revenons à notre sarouel : il est ensuite grandement porté pendant la période hippie des années 70. Cela lui donnera son image « baba-cool » qui lui colle encore à la peau aujourd’hui (enfin au tissu, mais vous m’avez comprise).

Une dernière anecdote : dans les années 80, un rappeur américain, MC Hammer, le réintroduit et en popularise une nouvelle version. Renommé le Hammer Pant pour l’occasion, il fait partie d’un des nombreux types de sarouels que vous pouvez trouver de nos jours dans le commerce.

Pourquoi le sarouel est l’habit le plus confortable

Vu aujourd’hui principalement comme un vêtement d’été, il se décline pourtant dans tous les tissus et toutes les saisons. Vous pouvez donc évidemment le trouver en hayon ou en soie pour l’été à porter avec des tongs. Mais il se trouve aussi en polaire ou en coton épais pour l’hiver, avec des baskets par exemple. Sinon, vous pouvez oser le porter avec des talons ou des ballerines pour un effet girly alternatif pas piqué des hannetons. Bref, facile à associer, il a sa place dans toutes les penderies des personnes qui n’ont pas envie de se prendre la tête. Pour ma part, mes sarouels en polaire et en laine me tiennent chaud tout l’hiver, me permettant sans problème de porter des choses plus légères sur le haut du corps, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Ne vous sentez-vous pas parfois coincé-es dans un jean slim ? Où est la liberté de mouvement ? N’avez vous pas l’impression que la mode vestimentaire vous force à être guindé-e ? Remplacez vos vêtements serrés le plus souvent possible ! Retrouvez la liberté de vous mettre en tailleur, d’écarter les jambes, de vous mouvoir comme et quand bon vous semble !

Un petit tip personnel de télétravailleuse : le sarouel se combine parfaitement avec n’importe quel haut face caméra. Il vous permettra d’adopter un air sérieux tout en laissant à vos jambes la possibilité de vivre leur vie.

Un pantalon qui vous veut du bien

Alors justement puisque j’aborde le sujet postural, savez-vous qu’il est important, pour protéger votre dos, de changer régulièrement de posture assise ? Découvrez avec quelle facilité votre nouvelle liberté de mouvement acquise va vous aider à accroitre votre souplesse rachidienne. Bien entendu, cela ne va pas régler tous vos problèmes de dos, hein. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Mais cela contribuera à conserver une bonne mobilité dans votre colonne vertébrale avec peu d’efforts à fournir.

D’autre part, n’avez-vous pas déjà ressenti des sensations de brûlure, ou de picotements à l’entre-jambe ? Le tissu trop serré frotte contre la peau, altérant sa barrière lipidique et provoquant irritations et inflammation. Laissez tomber la souffrance, libérez votre aine ! Cela améliorera au passage votre retour veineux, et c’est toujours bon à prendre, que ce soit une de vos faiblesses ou non.

Enfin, pour quelle autre raison porter un sarouel pourrait être bon pour votre santé ? Pour protéger votre intimité, pardi ! Chèr-es ami-es en possession d’une vulve, sachez que le port de vêtements serrés accroit le risque de troubles intimes (vaginose, vulvodynies, mycoses…) et urinaires (cystite). Et bien entendu, porter un pantalon lâche ne vous aidera pas si vous portez un string, privilégiez donc les culottes ou les shortys, à la limite les tangas (en coton bio de préférence !). Enfin, quel que soit votre sexe, porter un habit trop près du corps pourrait aussi avoir un impact sur votre fertilité. Je vous laisse noter cela dans un coin de votre cerveau. Moi, j’ai déjà choisi mon camp.

Pourquoi porter un sarouel ? Pour la liberté d’être soi

Quand je vous dis que le corps et l’esprit sont intriqués, je pense que je ne vous apprends rien. Mais aviez-vous déjà réfléchi à l’influence que l’un peut avoir sur l’autre ? Pensez-vous pouvoir conserver facilement un esprit libre et créatif si vous enfermez votre corps dans un carcan vestimentaire ? Si votre skinny jean vous rappelle une version moderne du corset, abandonnez-le !

Vous devez travailler mais votre félin préféré rêve de passer du temps sur vos genoux ? Allez-vous adopter la posture dite de la danseuse classique sur un pic à brochettes : pointe des pieds tendue pour former un angle droit avec vos cuisses ? Ou allez-vous lui refuser ce moment de contact et risquer de le voir s’allonger directement sur votre clavier pour attirer votre attention ? Je vous propose une autre solution : mettez-vous en tailleur et offrez lui le hamac de ses rêves.

Les modes passent, le style est éternel. La mode est futile, le style pas.

Yves Saint Laurent

Autre point qui a son importance : ce pantalon s’adapte à toutes les morphologies. Quelle que soit votre taille ou vos formes, vous trouverez toujours un sarouel qui vous mettra en valeur. Du sarouel dont l’entre-jambe arrive aux chevilles au jogging-sarouel, il y en a pour tous les goûts ! Oubliez le summer body et ses complexes, adoptez le corps et les vêtements qui vous conviennent ! Pour ma part, le combo sarouel babos/joli débardeur près du corps fait partie de mes préférés.

Si j’ai cru à une période de ma vie devoir me conformer aux modes liées à mon âge, je peux affirmer ici que rien n’est plus plaisant que d’avoir des pièces qui VOUS ressemblent. Enfin, ça, et entendre un boomer ou une boomeuse demander si j’ai « chié dans mon froc ». Cela fait partie des plaisirs simples de la vie. (L’autoroute ? C’est par là) ! N’hésitez plus à porter ce qui vous fait envie et tout particulièrement si cela vous aide à profiter de votre corps du mieux possible. Et alors, ça donne quoi, pour vous ? Racontez-nous, quel est le vêtement qui vous fait vous sentir libre et vous ressemble le plus ?

• Une histoire longue et détaillée du sarouel
• L’histoire de la jupe culotte
• La page Wikipédia d’Amélia Bloomer
• La page Wikipédia de Jeanne Margaine-Lacroix
• Vêtements serrés et santé
• Étude sur les postures en position assise

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