Las Cholitas : un mouvement féminin contre les stigmatisations

Las Cholitas, femmes autochtones de Bolivie, sont devenues un véritable symbole d’émancipation féminine. De l’alpinisme au catch, en passant par le skateboard, ces descendantes des Aymaras et Quechuas font bouger la question du genre, tout en conservant leurs tenues traditionnelles. Découvrez ces luchadoras, ces femmes qui luttent (dans tous les sens du terme) contre les discriminations. Voici un petit billet pour mettre en avant de belles initiatives de l’autre bout du monde.

Temps de lecture : 4 min

Las Cholitas : mouvement féministe en Bolivie

las cholitas, femmes boliviennes et leur tenue traditionnelle

Des millénaires d’Histoire

Ces descendantes des premiers peuples honorent leurs ancêtres en gardant les tenues traditionnelles autochtones, tout en bousculant le monde moderne et ses stigmates rabaissants. Le terme de Cholitas était utilisé à l’époque des Conquistadors. Ce terme désigne, de manière péjorative, les femmes boliviennes issues des premiers peuples (et Cholos pour les hommes). Par la suite, ce terme est resté et a traversé les décennies : les Cholitas, souvent issues de milieux pauvres et défavorisés, sont discriminées par le reste de la population bolivienne.

Leur passé de domestique les garde sur le côté de la société contemporaine. Avec l’arrivée au pouvoir du président Evo Morales, en 2006, les choses évoluent plus concrètement. Cet homme, d’origine aymara, a participé à la revalorisation de l’identité de ces peuples et de leur culture. Les Cholitas brisent les stéréotypes de genre, les conventions sociales et les clichés concernant les rôles de la femme au sein de la société.

Une tenue emblématique

Les tenues traditionnelles, conservées par les Cholitas, comportent plusieurs éléments caractéristiques :

  • la pollera, une robe à volants avec plusieurs épaisseurs ;
  • l’aquayo, un tissu coloré porté sur le dos tel un châle ;
  • le bombin, un chapeau melon traditionnel ;
  • la tula (coiffure traditionnelle qui complète le look) deux tresses reliées entre elles.

Funfact (pas super fun quand on y pense) : la pollera représente une pièce phare de l’identité visuelle des Cholitas. Pourtant, les colons espagnols imposèrent cette tenue pour les distinguer facilement du reste de la société.

À l’époque, et ce jusque dans les années 1950, elles n’étaient pas autorisées à fréquenter des lieux publics. L’accès à la place Murillo (cœur historique de La Paz, capitale bolivienne), aux cinémas, aux restaurants et même aux universités leur est interdit. Tout comme les femmes du Hunan, en Chine, avec leur dialecte, ces boliviennes ont su outrepasser leur carcan.

Un impact international

Aujourd’hui, cette tenue n’est plus symbole de persécutions mais de revendication, de persévérance et de courage. Le look des Cholas a même inspiré des défilés au sein des plus grands évènements de la mode, comme la Fashion week. Comme quoi, tout comme pour le sarouel, les perceptions d’une tenue peuvent évoluer au fil du temps.

Du côté social, les Cholitas ont donné naissance à un réel mouvement qui inspire des femmes au-delà des frontières. Grâce à leurs actions, elles prouvent que l’émancipation et le renversement des codes de la société moderne peut se faire tout en conservant ses traditions. Au travers des différents reportages, et contenus féministes publiés sur les réseaux sociaux, l’impact de ces luchadoras grandit et propose un chemin intéressant aux générations à venir.

Les Cholas : d’une oppression à un militantisme libérateur

Las Cholitas luchadoras

La lutte

Bienvenue dans l’arène d’El Alto, sur les hauteurs de La Paz, à plus de 4 000 mètres d’altitude. C’est depuis les années 2000 que les Cholitas Luchadoras investissent les rings face à des adversaires féminins et masculins. La Lucha Libre (équivalent du catch) est traditionnellement pratiquée par les hommes. Au-delà de la performance physique c’est un réel pied de nez au patriarcat. Les femmes qui pratiquent ce sport souhaitent également dénoncer les violences conjugales. En Bolivie, 7 femmes sur 10 sont victimes de VSS, d’après les rapports de 2013 des Nations unies de l’Organisation panaméricaine de la Santé.

L’alpinisme

Après avoir mis le patriarcat (qui dessert autant les femmes que les hommes, rappelons-le) au tapis. Les Cholitas Escaladoras atteignent les sommets et font l’ascension de la légendaire cordillère des Andes. Depuis 2015, des femmes âgées de 24 à 52 ans gravissent de nombreux sommets en Bolivie, au Pérou et en Argentine. En 2019, par exemple, les Cholitas se sont attaquées à l’Aconcagua, plus haut sommet d’Amérique du Sud. Une révolution contre le machisme dans la pratique sportive qui permet également de sensibiliser les générations à venir aux sujets de l’environnement et des droits des femmes.

Le skateboard

Les Cholitas ne s’arrêtent pas là et s’intègrent dans la culture urbaine avec le skateboard. Que ce soit dans le skatepark le plus haut du monde, à 3 500 mètres d’altitude, ou sur les trottoirs de La Paz, ces femmes s’approprient le domaine public et prennent une revanche historique. Le collectif Warmis sobre ruedas (femmes sur roues) souhaite encourager les jeunes à pratiquer le sport qu’elle souhaite.

Las Cholitas sont un bel exemple de lutte et d’émancipation d’une population féminine laissée pour compte. Ces femmes ont inspiré les âmes au-delà des frontières. Ce sont des initiatives qui réchauffent le cœur et donne de l’espoir pour les générations futures.

Baladeur Dramalibre, les sources

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O'noun

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