La dette sexuelle : responsabilité personnelle et diktat sociétal

S’engager dans un rapport sexuel parce que vous vous sentez redevable de quelque chose, ça vous paraît insensé ? Un sondage réalisé par Ipsos pour Durex révèle qu’un Français sur quatre et notamment une femme sur deux seraient concernés. Surprenant ? Pas vraiment. L’acte sexuel n’est pas toujours accompagné de désir ni de plaisir. En couple ou célibataire, la dette sexuelle s’invite chez tous types de profils. Plongez au cœur de ce phénomène de société qui effleure les limites du consentement.

Temps de lecture : 3 min

La dette de sexe n’est pas une agression

La frontière est mince entre dette sexuelle et consentement. Il peut arriver, dans une relation amoureuse, d’accepter un rapport pour lequel on ne montrait pas d’enthousiasme au départ. La libido varie en fonction des individus et il est compliqué de ressentir du désir l’un pour l’autre au même moment. Si le rapprochement est proposé avec respect et bienveillance, c’est ok. L’idée est de ne ressentir aucune pression et de passer un moment agréable. En revanche, si vous cédez parce que vous avez l’impression que c’est ce que l’on attend de vous et que vous regardez le plafond en attendant la fin, là vous expérimentez la notion dette.

« Céder à » caractérise une situation traumatique. Il ne s’agit alors plus de lâcheté envers le désir, le sien avant tout, mais d’impossibilité de se soustraire à la pulsion de l’autre.

Clotilde Leguil, psychanalyste et philosophe française, auteure de « Céder n’est pas consentir »

Il est essentiel de distinguer ce sentiment d’une agression sexuelle. L’impression d’être redevable, on se l’impose à soi-même. Votre partenaire n’est probablement pas averti de vos réticences (et s’il l’est et qu’il continue, c’est une violence sexuelle, nous sommes bien d’accord).

Les femmes écrasées par le poids de la dette sexuelle

On ne doit de sexe à personne ! Pourtant, de (trop) nombreuses femmes pensent encore qu’elles sont obligées d’avoir un rapport juste pour “faire plaisir” à leur partenaire ou pour le “remercier”. Accompagnée d’un sentiment de dégoût et de culpabilité, la dette sexuelle peut être vécue comme une violence.

Sachez que vous pouvez stopper un rapport à n’importe quel moment, et ce, même si :

  • Il ou elle vous a offert une merveilleuse soirée, un restaurant, un cadeau ;
  • vous l’avez promis ;
  • votre partenaire insiste lourdement ;
  • on vous reproche le temps trop long sans plaisir charnel ;
  • vous n’osez plus refuser après lui avoir roulé des pelles toute la soirée.

Quelles que soient les choses faites avant, vous pouvez dire non à tout moment !

Les hommes en proie au sexe sous pression

 Messieurs, vous jouissez, bien entendu, du même privilège. On respecte les envies et le consentement de chacun. Dans les représentations sociales, un homme doit être performant et endurant. Il doit toujours avoir envie de sexe et donner du plaisir systématiquement. Ces constructions hétéronormées assènent une sérieuse pression à la gente masculine. Foutez un bon coup de pied aux stéréotypes ! Il est permis aux garçons :

  • d’être fatigués ou préoccupés ; 
  • de préférer jouer à la console ;
  • de rester de marbre devant votre tenue sexy ;
  • d’arrêter l’acte en plein milieu ;
  • de ne pas avoir envie sans avoir à se justifier.

Je vais vous avouer quelque chose les garçons : n’ayez pas peur de décevoir une fille, votre entourage, vos amis… On se fiche royalement de votre virilité, on préfère le respect.

La dette sexuelle n’est pas une fatalité. Il est possible de se libérer des stéréotypes de genre. L’éducation à la sexualité se prépare dès le plus jeune âge en introduisant les notions de respect et de consentement au quotidien. Ce sont les piliers d’une relation saine. En communiquant avec son ou sa partenaire, on peut exprimer un ressenti, des gestes qui dérangent ou encore un refus d’aller plus loin. L’autorisation d’un quelconque rapprochement est révocable à tout moment.

Et si on ne respecte pas votre choix : Fuyez !
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Malicieuse, AnneSo aime cacher des mots rares et des CamelCase dans ses articles, saurez-vous les retrouver ?

4 commentaires

  1. Merci pour cet article qui aborde une notion sensible mais importante. J’ai hâte de lire un deuxième article sur la dette sexuelle pour approfondir le sujet 😊

    • Il y a malheureusement tellement à écrire sur ce sujet ! Mais je n’en ai pas fini avec la dette sexuelle effectivement ^^

  2. « On se fiche royalement de votre virilité, on préfère le respect ». Cette phrase est si importante que j’ai envie de l’afficher partout. Venez on fait des autocollants à coller dans toutes les villes avec cette punchline de l’espace. 🔥🔥🔥

    • Serait-ce un énième appel pour nous convaincre de faire des super autocollants dramalibre ? 😉

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